ANTOINE et CLÉOPÂTRE
Antoine et Cléopâtre
Du 5 au 8 juillet 2013
Au Palais des congrès, Perros Guirec
Mise en scène: Keith Bradford
Régie lumière: Sarah Billon/Rémi Chagnoux
Régie son: Amanda Hinault
La Pièce
Marc-Antoine, maître du tiers de l’empire romain, vit en Égypte sous le charme de Cléopâtre. Il souhaiterait passer la fin de sa vie auprès d’elle mais les besoins de l’État et les attaques de son rival à Rome, Octave, l’obligent à retourner dans cette ville pour une conférence au sommet. Il finit par accepter le mariage avec la sœur d’Octave après de longues négociations. Cléopâtre est furieuse et fait tout son possible pour regagner son amour.
Antoine revient en Égypte et renoue avec elle. Excédé, Octave déclare la guerre à Antoine. Pendant la bataille navale d’Actium, la flotte de Cléopâtre prend la fuite et provoque la défaite de l’armée d’Antoine. Abandonné de tous, pensant Cléopâtre morte, Antoine se suicide. Cléopâtre, plutôt que de souffrir la honte d’un défilé par les rues de Rome, se suicide à son tour.
Mise en scène
(commentaires de Keith Bradford)
En matière de mise en scène, tout nous est permis. Selon les quelques dessins qui subsistent des spectacles de son époque, nous pouvons supposer que la troupe de Shakespeare jouait en costume de 1600, avec l’adjonction d’un casque antique ou d’une cape en guise de toge. Fallait-il pour cela copier ce choix ? Ou jouer en costume de 2013 ? Ou recréer le style du siècle avant Jésus-Christ ?
Devant cette richesse de possibilités, je me suis posé la question fondamentale : quel est pour moi l’essentiel de la pièce ? J’ai conclu qu’il s’agit d’un couple qui, évoluant sous les feux de la rampe, se démène pour vivre un bonheur personnel. J’ai pensé tout de suite aux vedettes de Hollywood, à Humphrey Bogart et Lauren Bacall, à Richard Burton et Liz Taylor, mais aussi à Edouard VIII, roi d’Angleterre qui, en 1937, à la veille de la 2e Guerre mondiale, abdiqua plutôt que de renoncer à la femme qu’il aimait et que son peuple aurait refusé d’accepter. Grand et noble sacrifice pour l’amour? Ou lâche abandon de son devoir royal? On peut le considérer comme un Antoine de notre époque.
Peu de surprise donc si j’ai choisi la décennie 1930-1939 comme fond de scène, période où plane la menace de la guerre, période pendant laquelle la mode des femmes se calque sur le style grec, période où sont tournés de nombreux films situés en Afrique du nord. Je me suis donc laissé inspirer par Casablanca, Le Cheik ou Cœurs Brûlés. La musique du phonographe sera chantée par Valentino, les fusils seront des Steyr Mannlicher M95, utilisés par l’armée italienne pendant la seconde guerre mondiale…
Tout au long du spectacle on remarquait l’opposition Rome/Egypte. Le premier état est masculin, rigide, voué à l’honneur et à l’ordre. En Egypte, par contre, tout est fluide à l’instar du Nil; les éléments et même les sexes se confondent. J’avais demandé à Petra Salvi de traduire ce contraste par le biais des couleurs et des tissus. Sur le plateau lui-même, ce contraste se concrétisait par le mouvement des Romains (côté jardin) jusqu’en Égypte (côté cour).